ANCHOIS À LA MODE COSTA BRAVA
UNE RECETTE INTIME, ISSUE D’UN BAR DE CADAQUÉS EN LISANT UN ARTICLE SUR LA PEINTURE
Certains endroits dans le monde ont une personnalité tellement marquée qu’il est difficile de la décrire, et moins encore de la comparer avec d’autres régions.
Le peintre Antonio Pitxot (oeuvre ci-dessus) nous parle de Cadaqués: «La lumière de Cadaqués est inoubliable, elle n’est ni la lumière de l’Afrique, ni la lumière des impressionnistes… Cadaqués est présente, nette, grâce à ces pierres qui concentrent sa lumière, elle est tangible; elle n’est pas évanescente, elle est tangible. Tout le contraire d’un mauvais rêve. Elle est réelle. C’est ce contours esthétique et philosophique qu’utilisait Dali pour développer son délire parano-critique: il faisait visible l’inaprensible. Il y a des moments où je me sens très bien, et c’est grâce à Cadaqués...»
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Je viens de lire ces quelques lignes dans un numéro spécial du journal EL PAIS, assis à la terrasse d’un bar du port de Cadaqués. Je fréquente la Costa Brava par intermittences, étant originaire du Sud de la France, tout juste à quelques encablures. La Costa Brava sent le sel el les petits bateaux de pêches catalans qui ne ramènent jamais beaucoup de poissons, mais fournissent les marchés locaux et surtout les petites conserveries familiales d’anchois, la spécialité du pays. Je me sens chez moi, comme dans tellement de petits coins du vaste monde, mais ici peut-être un peu plus…
Ici la Méditerranée n’est pas un lac tranquille. Elle menace, toujours, le plaisancier et le travailleur de la mer, le baigneur aussi. Attention à la Tramontane, attention aux courants, qui frôlent le Cap de Creus et s’engouffrent dans les calas aux eaux transparentes. Baignez-vous, dorez-vous au soleil, mais au cas où cherchez de l’oeil le maitre-nageur avant de vous jeter à l’eau.
C’est donc assis à ce bar, devant cette Méditerranée bleu profond, que je déguste un muscat de Reus quand la tenancière s’avance et dépose machinalement un petit plat d’argile devant moi. Elle n’accorde aucune importance à cet accompagnement offert, nous sommes au sud des Pyrénnées et les tapas sont monnaie courante.
Le petit plat au bord relevé dégage un arôme fort, et offre un aspect incroyable: Des anchois… Oui, mais quels anchois. Je me rapproche avec précaution, afin de savourer d’avance ce «boccatte di cardinale» que je pressens.
Pas de fourchette, mais un «palillo», un cure-dent qui me sert de pique, et pas de plat mais un petit morceau de pain qui accompagne le premier anchois plié sur lui-même du plat à ma bouche, afin de ne pas perdre une goutte d’huile d’olive.
Immédiatement les saveurs se bagarrent dans ma bouche: le sel, la mer, l’ail, le thym, le persil… quoi encore? l’échalotte, peut-être?
je savoure lentement mais déjà ma pique repart vers le plat et à nouveau l’explosion sensorielle… Dieu que c’est bon!
Alors avec précaution, pour ne pas l’effaroucher, je demande à la cuisinière qui vaque derrière le bar: «Pourriez-vous me donner la recette de ces anchois… S’il vous plait?»
Son regard en dit long: elle a autre chose à faire, évidemment: «C´est des anchois…
– Oui, je sais, madame, je suis d’ici et j’adore les anchois, mais votre recette est tellement bonne…
– Accompagnez-moi.» Je la suis jusqu’à la cuisine. L’espace est réduit, propre et bien rangé.
– Je peux prendre des notes?
– Mais oui, mais oui…»
Alors voilà, je vous les livre:
Les ingrédients, pour une «tapa»:
- 200 gr d’anchois de l’Escala (2 petites boites de conserves)
- Persil
- 2 dents d’ail
- Une échalotte
- Sel
- Poivre
- Thym
- Romarin
- Un verre d’huile d’olive vierge extra
Préparation
- Égouttez soigneusement les anchois (même s’ils sont conservés en huile d’olive).
- Disposez-les soigneusement dans le fond du plat.
- Hachez très fin le persil, l’ail, l’échalotte, ajoutez un peu de sel et du poivre, le thym et le romarin.
- Dispersez le mélange sur les anchois, puis couvrez avec l’huile d’Olive vierge extra.
Il n’y a pas de truc, sauf la qualité des anchois et… de l’huile d’olive bien sûr. Il n’est pas question de transiger à ce sujet, autant renoncer au plat.
Accompagnement:
Alors bien sûr une bonne bière fraîche, bien que nous conseillions un vin blanc d’Alicante, voire un blanc de Cadix, un fino, ou encore un muscat de Reus (mélange des saveurs à outrance). Pas de champagne ni de cava, bien sûr.
Le pain doit à notre avis être blanc, si possible «tostado». Possibilité de savourer avec «pa amb tomaquet» bien catalan, ça relève les saveurs…
Envoyez-nous vos photos…
Musée de l’anchois et du sel (l’Escala)